Stéphanie Morissette
Méandres
Pour clore le deuxième cycle de notre programmation Frontière, « Remix et réseaux : des frontières défiées », TOPO présente depuis le 13 janvier 2021 l’œuvre de réalité virtuelle Méandres de l’artiste Stéphanie Morissette.
LE VOLET WEB
D’abord œuvre immersive en réalité virtuelle, Méandres a été déclinée pour proposer une expérience en ligne dans le confort de votre chez-soi.
Nous proposons une phase II du projet avec le volet Web de Méandres, réalisé avec le designer interactif Yannick Guéguen. De la collaboration entre l’artiste Stéphanie Morissette et l’autrice Pattie O’Green ont émergé 24 fragments visuels et poétiques dévoilés sur les réseaux sociaux et qui s’ajoutaient au fil des jours dans l’œuvre web pour nous plonger dans l’univers immersif et contemplatif créé d’abord pour la réalité virtuelle.
Crée spécifiquement pour le projet web, la poésie de Pattie O’Green prend le point de vue de la lumière pour porter une réflexion sur ses différents rôles dans l’œuvre et dans la vie. Éclairer peut vouloir dire ouvrir un espace ou, au contraire, le cerner. Éclairer peut permettre de mieux voir quelque chose, mais cela peut aussi créer de l’aveuglement. En explorant cette polysémie, les textes de l’autrice soulignent et interrogent la place de la lumière dans l’œuvre de Stéphanie Morissette, sans cesse redéfinie au fil de l’expérience.
>> Voir l’œuvre web
LE PROJET ORIGINAL [RÉALITÉ VIRTUELLE]
Méandres propose une incursion à travers les connexions de la matière blanche du cerveau dans une expérience en réalité virtuelle.
Stéphanie Morissette découvre l’imagerie cérébrale lors d’une résidence d’artiste en entreprise au sein de la compagnie sherbrookoise Imeka, spécialisée en imagerie cérébrale. Depuis, elle s’intéresse aux relations entre la biologie et la technologie et particulièrement aux recherches médicales qui étudient son fonctionnement et les maladies qui l’affectent.
On se déplace dans un univers mystérieux. Un labyrinthe de faisceaux de fibres nous englobe comme une forêt à explorer. Mais cet environnement est fragile, il est affecté par notre présence et notre comportement.
L’expérience se déroule en trois actes. Une sonde lumineuse nous invite à observer de loin ce qui ressemble à une planète constituée de filaments. Nous nous transposons ensuite à l’intérieur de l’architecture du cerveau, à la base des tractus corticospinaux. Une seconde téléportation nous amène cette fois sur le corps calleux situé entre les deux hémisphères du cerveau. Dans cet espace calme et paisible commence l’interactivité.
Inspirée par les recherches d’Imeka sur l’eau libre comme biomarqueur de la neuroinflammation, sur la perte axonale et sur la démyélinisation, Méandres nous fait avancer dans l’âge du cerveau avec une interprétation poétique. Nos mouvements déclenchent des éclosions de particules et des sons. L’espace sombre est balayé par une lumière projetée sur nous. Plus on bouge, plus le vieillissement s’accélère, ce qui se traduit par une intensification de l’émission de particules, par des lumières qui s’agitent et des sons anxiogènes. Pour finir, des glitchs sonores, des particules et des tumeurs se multiplient jusqu’à nous envahir et saturer l’expérience.
Entre le micro et le macro cosmos, Méandres nous immerge dans l’imagerie de milliards d’axones qui forment l’architecture de la matière blanche. Le cerveau est un monde encore peu exploré, représentant une nouvelle frontière à franchir, aidé par l’imagerie à résonnance magnétique (IRM). La conquête de ce territoire implique des réflexions sur notre relation à la biologie et sur l’impact des technologies sur celle-ci.
Le projet est né de la collaboration avec la compagnie en imagerie cérébrale Imeka, le centre en art actuel Sporobole et TOPO, il a été possible grâce au soutien financier du CALQ et de la Ville de Sherbrooke.
Le mardi 23 mars a eu lieu une rencontre virtuelle avec l’artiste
>> Plus de détails et visionnement
Stéphanie Morissette
Crédit de l’image : Yves Harnois
Pour chacun de ses projets, Stéphanie Morissette propose un environnement narratif. Elle y raconte ou revisite un thème en adoptant différents points de vue. Son travail porte sur le comportement humain à travers l’histoire et sur les conflits liés à l’utilisation des technologies autant dans notre quotidien que dans la sphère géopolitique. L’artiste s’intéresse aussi à l’impact des technologies sur la nature et à la psychologie des différents acteurs qui en font usage.
Sur le plan formel, ses installations se composent autant de papier, de moteurs, de dessins, de photos que d’animations et de vidéos. Cette approche hybride cherche à transcender les médiums eux-mêmes. L’introduction du volume et du mouvement dans ses œuvres bidimensionnelles confère à son travail un aspect à la fois sériel et séquentiel qui se rapproche du cinéma et de la bande dessinée. Son esthétique – qui semble naïve de prime abord, mais teintée d’humour noir – lui permet de traiter des sujets troublants.
Stéphanie Morissette vit et travaille à Sherbrooke. Elle a remporté en 2017, le Prix du Conseil des arts du Québec – Œuvre de l’année en Estrie, pour son exposition L’inquiète forêt.
Ses œuvres papier et vidéo ont été présentées en Allemagne, en Angleterre, en Belgique, au Canada, en Chine, en Espagne, aux États-Unis, en Finlande, en Islande, en Pologne, en Syrie, à Taiwan et en Turquie et ce, dans le cadre d’événements d’envergure tels que Les Rencontres Traverse Vidéo à Toulouse (2019), Les Rendez-Vous du Cinéma Québécois (2018), l’International Symposium of Electronic Arts (ISEA) à Hong Kong (2016), le Women Make Waves Film and Video Festival à Taïwan (2011), ainsi que la 10e Biennale internationale d’art contemporain d’Istanbul (2007). Stéphanie Morissette a été impliquée au sein de plusieurs organisations artistiques et festivals au cours des 20 dernières années.