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Par Paule Mackrous

Derrière la vitre, neufs carnets ouverts s’animent sans relâche. Leur éclairage dicte le rythme, ordonne la « lecture », car grâce à un fin découpage au montage, les pages s’illuminent les unes après les autres ou en alternance par petits groupes. La symphonie visuelle a un chef d’orchestre, un élément qui crée une cohésion entre les séquences. Celui-ci est visible dans l’œuvre : c’est le corps.

Dès les premiers instants, l’image d’un dos, nu, occupe les deux pages d’un carnet. La colonne vertébrale coïncide avec le centre du livre. Comme pour souligner cette corrélation, une main dessine un trait le long de la ligne imaginaire. Le corps devient alors le carnet, et la peau, la nouvelle surface d’inscription. Dans d’autres carnets, une main munie d’un crayon opacifie les pages alors qu’une autre tente en vain de capter le contour d’un sac de plastique tournoyant dans sa rafale de vent. Plus tard, on effacera les traits. Ces différentes séquences mettent en scène une écriture qui n’est pas le fruit de l’agencement des mots ou des formes de manière définitive, mais qui résulte d’une action transitoire prenant racine dans le corps.

Le carnet, raconte Isabelle Beaulieu, a pour fonction de « surligner délibérément la beauté du désordre qui gouverne nos jours 1». Objet sur lequel est projeté un imaginaire en action, on y accumule des impressions, on y collectionne des observations. Si l’on tente d’y traduire spontanément son perçu et peut-être, par là, de le figer dans le temps, le carnet enrichit l’expérience bien plus qu’il ne parvient à la conserver. Il est une source d’éveil pour celui qui le tien parce qu’il pousse à porter attention. En même temps, il commande d’accueillir la perte, d’accepter de laisser dans l’ombre ce qui échappe au champ de vision et à l’expérience subjective. Les tentatives de capture et l’effacement des traits chez McDuff évoquent l’impossibilité de tout saisir, de tout garder. La vitre, qui nous tient à l’écart en même temps qu’elle nous inclut dans l’œuvre par son reflet, agit telle une protectrice de cette mémoire fragmentée, fragile et intime.

Comme le disait Heidegger : « Être réceptif à l’art, c’est revivre l’expérience du créer2 ». Les carnets de McDuff attirent notre attention sur l’acte de création. Par là, Carnets de capture nous rappelle qu’il faut surtout ne « rien pétrifier », qu’il faut penser toute chose sous l’angle de la mise en mouvement 3». Entre le monde du carnet comme objet et celui, imaginaire, qui se cristallise sur la surface de la page, il y a le geste corporel garant d’une pensée en actes, d’une expérience toujours renouvelée.

1 Isabelle Beaulieu. (2014). « Carnets d’écrivains, la présence au monde », Revue Les libraires, no 8.
2 Paul Audi. (2003). L’ivresse de l’art, Nietzsche et l’esthétique. Paris : Inédit, p.74.
3 Georges Didi-Huberman. (2002). L’image survivante : Histoire de l’art et temps des fantômes. Paris : Minuit, p.36

 

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C‘est par ces mots invitant à l’exploration que nous avons entrepris de réaliser Cabinets de curiosités, un projet de création incorporant une dimension visuelle, littéraire, médiatique et spatiale, dont l’aboutissement est la mise en vitrine des créations de la clientèle du Centre Wellington et la réalisation de ce site internet.

Ces vitrines, nous les avons trouvées sur la rue Wellington en dialoguant avec des commerçants qui nous ont laissé de l’espace pour installer un ensemble d’œuvres regroupées autour des thématiques suivantes : mer, nature, urbanité, amour, humanité, poésie. Par la mise en vitrine, nous entendons aussi la création de ce site internet qui vient donner une pérennité à ce travail effectué par les usagers du Centre Wellington avec les artistes médiateurs Martine Koutnouyan et Gabrielle Lajoie-Bergeron, en février, mars et avril 2015. Les usagers sont aussi confiés à la caméra avec José Cortes Castillo, qui a su recueillir de nombreux témoignages.

Deux poètes ont ajouté une touche littéraire, Emmanuel Simard et Caroline Louisseize, qui a culminé avec la tenue d’une balade poétique, en collaboration avec Ghislaine Provost et Nathalie Séguin. C’est ainsi que le 4 juin 2015, nous avons inauguré l’exposition des cabinets de curiosités disséminés entre le 3966 et le 5019 de la rue Wellington. Au terme de cette balade organisée pendant la vente trottoir, le groupe s’est retrouvé au Café Baobab pour la présentation du site internet créé par l’Agence TOPO sous la direction de Joseph Lefèvre, du studio Jocool, avec l’imagination et la dextérité de Paul Gascou-Vaillancourt et José Cortes Castillo, de l’Agence TOPO.

En vitrine sur la rue Wellington, du 4 au 21 juin 2015
Imprimeries rubiks inc.: 3966, rue Wellington
Banque Royale : 4370, rue Wellington
C-Sweet : 4437, rue Wellington
Baobab Café : 4800, rue Wellington
Choco Passion : 5019, rue Wellington

Ce projet a bénéficié du soutien de la Division de la culture, des bibliothèques et du développement social de l’arrondissement de Verdun et du programme Culture et communauté de la Ville de Montréal, dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel entre la Ville de Montréal et le ministère de la Culture et des Communications du Québec.

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Consultez notre chaîne YouTube pour voir l’ensemble des vidéos Cabinets de curiosités

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Le Web est ailleurs – Agence TOPO 2008 / 2013

En avril 2013, l’Agence TOPO lançait sa publication « Le Web est ailleurs ! – Agence TOPO 2008 / 2013 » qui retrace son parcours des cinq dernières années à travers un corpus de créations web et de performances médiatiques.

En ouverture de la publication, l’auteure et artiste Élène Tremblay circonscrit le territoire d’exploration de l’Agence TOPO depuis 2008. Le désir d’investir l’espace web autrement et le besoin de sortir de l’écran ont marqué le déplacement des œuvres vers d’autres espaces de rencontres. Avec sa série de performances Sortir de l’écran / Spoken Screen, lAgence TOPO souligne l’importance de la création en relation avec les arts numériques, les mots et la poésie, dans un souci d’ancrage social et d’exploration des nouvelles avenues de diffusion.

L’auteure Paule Mackrous enchaîne avec Le web est ailleurs !, un texte qui entreprend de répondre à la question Qu’advient-il de la création hypermédiatique, maintenant que tout le monde est en mesure de s’approprier les outils du web ? Sa réflexion s’articule autour de quatre axes de réflexion  qui permettent d’analyser la programmation de l’Agence TOPO : L’interactivité, une confrontation ;  Le remix, une délocalisation ; Se lier par l’imaginaire ; Pignon sur rue pour l’art web.

Au cours des dernières années, l’Agence TOPO a su imaginer des stratégies créatives pour présenter et soutenir des œuvres interdisciplinaires. L’art web peut littéralement sortir de l’écran et devenir un événement, une performance ou encore un processus d’ancrage au monde. Comme le relève avec justesse cette publication, le dernier cycle d’œuvres soutenues et diffusées par l’Agence TOPO a pris le pari d’approfondir le rapport interactif entre le public et l’œuvre hypermédiatique. Ce faisant, c’est avec fierté que nous réaffirmons la spécificité de notre mission, soit celle de produire, diffuser et distribuer des œuvres d’arts numériques qui explorent les nouvelles narrativités et les croisements interdisciplinaires et interculturels.